Canut, républicain et poète
Neyrin Gérard, ouvrier en soie, 26 ans, domicilié à
Chaponost, au Bouvier, correspond avec des exaltés du parti républicain.
Il a organisé un banquet. Une perquisition à son domicile
a permis de trouver des textes de chansons républicaines. Rapport
de police, juin 1841
S'agit-il des propres chansons de Gérard Neyrin ? Probablement,
car très tôt cet enfant de Chaponost, né dans une
famille qui a compté des générations de maçons,
se met à écrire des vers, tout en exerçant son métier
de veloutier. Pendant une quarantaine d'années, sous les différents
régimes qui se succèdent, il chante inlassablement la république,
le progrès, la liberté, la fraternité. Souvent aussi,
avec beaucoup de verve, il s'en prend aux riches et aux puissants, à
tous les pouvoirs politiques et religieux qui oppriment les peuples.
Sa poésie sait cependant se faire plus joyeuse et plus sereine
lorsqu'il évoque la famille et les amis, les lieux familiers et
les fêtes fraternelles.
On pense en le lisant à Béranger, et lui-même reconnaît
d'ailleurs sa dette à son égard. Il en est proche à
la fois par l'inspiration et par la manière : comme ceux de Béranger,
ses textes se chantent sur des airs connus.
Les poésies et chansons de ce recueil, dans leur quasi-totalité,
n'ont jamais été publiées. Plus de cent ans après
la mort de Gérard Neyrin, la présente édition permet
de faire entendre une "voix d'en bas", la voix d'un ouvrier
poète.
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