Ne cherche pas dans ces GUEUX de LYON une dissertation ardue, une
discussion subtile, un monument historique. Non. C'est un roman adapté
à des notes d histoire, trop peu connues, malheureusement.
Et pourtant rien ne se prêterait mieux au grand roman, aux récits
de cape et d'épée que l'histoire de Lyon.
Plus on l'étudie, plus on fouille dans nos bibliothèques
les précis trop succincts, hélas ! de nos écrivains,
plus on se sent poussé à mettre un cadre à ces tableaux,
à animer, à faire revivre ces grandes figures.
Les savants n'ont pas manqué pour reconstruire nos annales ; ils
ont disséqué nos manuscrits, disserté et discuté
longuement sur toutes nos origines. Mais de romancier, il n en est pas
; et notre histoire populaire est absolument ignorée. Il faut au
peuple plus que des manuscrits et des dates. Il lui faut la vie et la
couleur.
Voilà ce que nous avons osé tenter.
Cette période si trouble de la fin du XVIème
siècle, qui commence au sac de Lyon par le terrible baron des Adrets,
pour finir à l'entrée de Henri IV dans sa "bonne ville",
nous offrait un champ si vaste, notre imagination se promenait avec tant
de plaisir au milieu de ces tableaux si mouvementés des luttes
de la Ligue, que nous avons cru pouvoir en dégager un roman qui
nous a semblé intéressant à présenter.
Le récit imagé de ces guerres sourdes entre les grandes
familles lyonnaises, de ces révoltes soudaines des bourgeois entraînés
par telle ou telle faction, à qui ces terribles GUEUX de LYON prêtait
tour à tour leurs armes, suivant le plus offrant, donnera à
1'histoire un plus vif relief et, rappelant ses grandes lignes, en fixera
plus sûrement la mémoire.
Voilà toute notre prétention voilà toute l'érudition
que nous avons voulu montrer, demandant l indulgence aux savants et l'appui
bienveillant aux amis.
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